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12 janvier 2010 2 12 /01 /janvier /2010 11:45

PLOUEZEC ET LA PECHE EN ISLANDE

En 1910, la goélette de François-Marie VIDAMENT, "L'Hygie" disparaît  "corps et biens " en Islande, avec 18 hommes à bord, tous de Plouézec.

hygiew

 

L'équipage de l' Hygie


Si plusieurs matelots ou marins pêcheurs sont morts de maladie ou de chute par dessus bord, beaucoup sont portés disparus à la suite de la perte corps et biens de leurs bateaux .


Parmi les catastrophes qui ont causé le plus de victimes parmi les Plouézécains, on notera :

La Fourmi : 23 morts en février 1881
Caroline : 14 morts en avril 1885
Petite Jeanne : 11 morts en mars 1887
Notre Dame de la Rance : 24 morts en mai 1892
Brune : 12 morts en avril 1901
Pilote : 4 morts en avril 1901
Marie- Louise : 17 morts en février 1905
Etoile d' Arvor : 21 morts en mars 1907
Hygie : 18 morts en mars 1910
Maryvonnic : 21 morts en mars 1911
Bar Avel : 14 morts en août 1927


Il y a 321 noms recensés entre 1852 et 1935, de Jean- Marie JEGOU, disparu en novembre 1854 sur " es Amis Réunis" à Joseph LECH'VIEN en février 1933 sur le "Kerroc'h".

A la mémoire des Islandais : l'enfance islandaise de François Jouanjean
Le dernier " islandais " Plouézécain, âgé de 90 ans, raconte (juillet 2008).


Descendant d'une lignée de pêcheurs d'Islande, François est le dernier islandais plouézécain.

Il est fils et petit-fils de pêcheurs à Islande  Son grand-père a fait 34 campagnes de pêche et il a connu jusqu'à 65 goélettes dans le port  Son père fait partie de " La Glycine", dernière goélette pour Islande en 1935. Ses oncles partaient aussi  !

François part en 1933 quand la pêche commence sérieusement à péricliter, comme mousse sur le "Marie-Louise Schaffino", navire de commerce de 10.000 tonnes, puis dans la Marine Nationale jusqu'à la fin de la Seconde Guerre Mondiale.

Il a 17 ans quand son père débarque de "La Glycine" pour la dernière fois. Il est second capitaine et y a passé 15 ans . Il a pêché, à lui seul, 4000 morues comptabilisées par les langues coupées que chacun jetait dans un seau à ses pieds, les jointures d'articulation des doigts creusées par le sel.
Les marins se protégaient avec de l'huile de foie de morue artisanale fabriquée à bord.
Il se souvient : "en février, on conduisait son père en charrette à Paimpol et il ne rentrait qu'en août, après six mois de campagne. Il devait alors se charger du désarmement de la goélette. Les bateaux étaient échoués pour le colmatage et le calfeutrage et puis il y avait le réarmement avant six autres mois de campagne.
Entre-temps, père et grand-père assuraient la vie des deux fermes."

Le mois de février revenait. C'était le grand Pardon des Islandais. Il y avait foule sur les quais. Les veuves étaient nombreuses et jeunes et parfois très belles !!!
Plus de 2000 disparus rien qu'en Islande !

En février, les marins étaient recrutés au café, après la messe. Le denier de Dieu, pécule donné à l'épouse avant le départ pour élever les enfants, est fonction de leur qualité de pêcheur ou de marin . Pour appâter les marins, on leur offre un canon de rouge à 14° au lieu de la traditionnelle bolée de cidre ! Les bateaux partent avec la marée. Un remorqueur les aide à sortir de l'écluse et du chenal. Ils sont alors pointés au fur et à mesure par le sémaphore de Bilfot à Plouézec. Tout comme au retour en août.

Ceux qui revenaient, mouillaient le long de l'île de Saint-Riom. Ils attendaient une marée favorable pour entrer au port de Pampol. Avec leurs cales pleines, il leur fallait plus de fond . Pour patienter, le ravitaillement (pain, beurre et lard) arrive de Pors-Even, Port-Lazo, parfois de Bréhec.
Femmes et enfants aussi ! Mais ces derniers attendent à bord des canots tandis que les épouses, après six mois de séparation montent à bord visiter les cabines....!!!!

La vie de pêcheur à Islande est dure - un peu moins pour ceux qui avaient une double vie - celle de marin et celle de terrien.
Les autres, les habitants des villes devaient trouver un travail à terre pour les six mois.

Les six mois de bord pour ces Islandais comptaient pour un an sur leur livret de navigation. Leur salaire était le double d'un marin normal et ils pouvaient prendre leur retraite à 50 ans. Le plus marquant était la solidarité et aucune dissension n'existait entre eux.
jouanjeanPortait de François - Marie Jouanjean réalisé par M.Leureuset,
artiste local.
goeletteislande048.jpg
Les goélettes.
Tableau de Georges Malbert, peintre plouézécain.

Autres informations sur Paimpol et la pêche en Islande


Dans le Kaskrudsfjordur, fjord de la côte est de l'Islande, l'ancien hôpital français construit en 1905 pour les marins pêcheurs français, essentiellement bretons, par la Socité des oeuvres de mer.
Un prête parlant français et breton y était affecté d'avril à septembre chaque année.
Cet hôpital construit dans la petite localité du même nom, Kaskrudsfjordur, au fond du fjord, a été fermé en 1922. Il a été démonté et installé près de l'embouchure du fjord . Dans le cadre d'un projet franco-islandais, il avait été décidé en 1996 de le restaurer et de le réinstaller à son emplacement initial, mais l'intendance n'a pas suivi et le bâtiment a continué à se dégrader ; Il semblerait que les crédits nécessaires aient enfin pu être réunis et que ce témoignage émouvant de la présence bretonne sur les côtes de l'Islande doit bientôt être sauvé.

Reportage de Aziliz Le Nail, 14 ans, partie en Islande avec sa famille sur les traces des Bretons.


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